Les orgues du Val d'Oise

Pontoise


Cathédrale Saint-Maclou

Photo
Le buffet de Michel Pellet, 1716 (photo Bastien Milanese)
Historique : l'orgue est construit par Julien Tribuot en 1720-1721. Il a alors la composition suivante :
Positif de dos :

Bourdon 8
Prestant 4
Flûte 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Tierce 1 3/5
Larigot 1 1/3
Plein-Jeu 5 rangs
Cromorne 8

Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Prestant 4
Flûte 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Quarte 2
Tierce 1 3/5
Cornet 5 rangs
Fourniture 4 rangs
Cymbale 4 rangs
Trompette 8
Voix Humaine 8
Clairon 4
Récit :

Cornet 5 rangs
Trompette 8

Écho :

Cornet 5 rangs

Pédale :

Flûte 8
Flûte 4
Trompette 8
Clairon 4

En 1784, François-Henri Clicquot met l'orgue au goût du jour : deux Dessus de Flûte 8 remplacent les Flûtes 4, la Trompette du GO est remplacée et une 2e Trompette est posée sur la chape de la Voix Humaine, elle-même prenant la chape de la Doublette, incorporée à la Fourniture. L'ancienne Trompette du GO est posée au Positif, ainsi qu'un dessus de Hautbois prenant la place du dessus de Cromorne. La pédale de Clairon est transformée en Pédale de Bombarde. Une expertise menée par J-J et J-M Beauvarlet-Charpentier et Claude Balbastre conduit, après l'inauguration, à la pose d'un soufflet supplémentaire pour alimenter correctement la Bombarde de Pédale, ainsi que la transformation du clavier d'Écho (ajout d'une Flûte 8, d'un Bourdon et d'une Trompette). En 1817, un devis de restauration est présenté par Pierre-François Dallery, prévoyant de remplacer la Bombarde de Pédale par un Clairon, l'organiste la trouvant assourdissante, et de placer le Hautbois du Positif au Récit. Seule cette dernière modification est effectuée.
En 1842, Pierre-Marie Hamel, expert impliqué, entre autres, dans la construction de l'orgue de la cathédrale de Beauvais (et plus tard de celui de Nantua), élabore un projet de restauration de l'instrument. La composition projetée devait se rapprocher de ceci :
Positif de dos :

Bourdon 8
Flûte 8
Prestant 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Tierce 1 3/5
Plein-Jeu 5 rangs
Trompette 8
Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte 8
Gambe 8
Prestant 4
Nasard 2 2/3
Quarte 2
Tierce 1 3/5
Cornet 5 rangs
Fourniture 5 rangs
Cymbale 4 rangs
1e Trompette 8
2e Trompette 8
Euphone 8
Clairon 4
Récit expressif :

Bourdon 8
Flûte d'écho 8
Flûte 4
Flûte octaviante 4
Nasard 2 2/3
Quarte 2
Tierce 1 3/5
Cor Anglais 16 (anches libres)
Hautbois 8
Voix Humaine 8
Pédale :

Flûte 8
Flûte 4
Bombarde 16
Trompette 8

Cependant, des retards sont constatés, irritant Hamel, qui constate également que le sommier du Récit, prévu pour 8 jeux, ne peut en contenir 10... de ce fait, la Flûte d'écho se retrouve au Grand-Orgue à la place de la Gambe et la Tierce du Récit est supprimée ; de même, il reste apparemment une chape au Grand-Orgue pour l'Euphone, qui n'est pas posé. Ces doublons (deux Flûtes 8 au GO, deux Flûtes 4 au Récit, une Flûte 8 au Positif, dont la fondamentale n'est pas assez conséquente par rapport au Grand-Orgue) contribuent à agacer Hamel, qui signe cependant le procès verbal de réception. [1]

Cavaillé-Coll avait, lui aussi, présenté un devis, rejeté car plus onéreux que celui de Callinet :

Positif de dos :

Bourdon 8
Flûte harmonique 8
Prestant 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Tierce 1 3/5
Plein-Jeu 5 rangs
Trompette 8
Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte harmonique 8
Gambe 8
Prestant 4
Dulciana 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Cornet 5 rangs
Fourniture 5 rangs
Cymbale 4 rangs
1e Trompette 8
2e Trompette 8
Clairon 4
Récit expressif :

Flûte douce 8
Flûte harmonique 8
Flûte octaviante 4
Trompette 8
Cor Anglais-Hautbois 8
Clarinette 8
Voix Humaine 8
Pédale :

Flûte 8
Flûte 4
Bombarde 16
Trompette 8
En 1875, la rosace de l'église est détruite par un orage d'une violence exceptionnelle. Les harmonistes de Cavaillé-Coll, devant accorder l'orgue, avaient enlevé les panneaux de l'orgue... celui-ci est considérablement dévasté par la pluie, les débris de verre et les gravats. En 1878, Cavaillé-Coll opère un "classement de la tuyauterie" : il reconstruira l'orgue intégralement, conservant uniquement les basses en bois des Bourdons 16 du GO et 8 du Positif... [1]
Positif de dos :

Bourdon 8
Salicional 8
Unda maris 8
Prestant 4
Flûte douce 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Trompette 8
Clarinette 8
Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte harmonique 8
Viole de gambe 8
Prestant 4
Flûte douce 4
Quinte 2 2/3
Doublette 2
Cornet 5 rangs
Fourniture 4 rangs
Cymbale 3 rangs
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
Récit expressif :

Bourdon 8
Viole de gambe 8
Voix céleste 8
Flûte octaviante 4
Octavin 2
Trompette 8
Cor Anglais-Hautbois 8
Voix Humaine 8

Pédale :

Contrebasse 16
Flûte 8
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4

Gaston Bélier, nommé en 1892, fait procéder à de petites modifications en 1896 : ajout d'une Flûte traversière 8 au Récit, prolongé à 54 notes, pose d'un pédalier de 30 notes aux normes (harmonisation effectuée par Fernand Prince [2]). D'après Louis Eugène-Rochesson, un Diapason est ajouté au Récit par Charles Mutin. En 1912, l'orgue est encore remanié par Charles Reimburg, ancien harmoniste de Cavaillé-Coll. Une Soubasse 16-8 est ajoutée, certains jeux sont échangés. La composition est la suivante :
Positif de dos :

Principal 8
Bourdon 8
Flûte creuse 8
Salicional  8
Prestant 4
Flûte douce 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Trompette 8
Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte harmonique 8
Viole de gambe 8
Prestant 4
Flûte douce 4
Quinte 2 2/3
Doublette 2
Cornet 5 rangs
Fourniture 4 rangs
Cymbale 3 rangs
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
Récit expressif :

Diapason 8
Bourdon 8
Viole de gambe 8
Voix céleste 8
Flûte octaviante 4
Octavin 2
Trompette 8
Cor Anglais 8
Clarinette 8
Voix Humaine 8
Pédale :

Contrebasse 16
Soubasse 16
Flûte 8
Bourdon 8
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
En 1930, l'orgue est reconstruit par Victor Gonzalez selon l'idéologie néoclassique naissante : le Récit, jugé trop faible par rapport aux autres claviers, double de volume afin d'être "égal à celui si réputé de Saint-Sulpice" [3] : seulement, l'église Saint-Maclou n'est pas Saint-Sulpice, et l'orgue dispose de nettement moins de place... une bonne partie des 21 jeux du Récit est donc placée hors-boite. Le Positif gagne un Plein-Jeu et une Tierce à la place du Salicional, ainsi qu'un emprunt au Quintaton du Récit. La Flûte 8 du même clavier est installée sur moteurs dans le soubassement du grand buffet, de même que le Quintaton. La Pédale gagne seulement une extension en 32 du Bourdon et en 4 de la Flûte.
Positif de dos :

Quintaton 16
Principal 8
Bourdon 8
Flûte 8
Prestant 4
Flûte douce 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Tierce 1 3/5
Plein-Jeu 4 rangs
Trompette 8
Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte harmonique 8
Viole de gambe 8
Prestant 4
Flûte douce 4
Quinte 2 2/3
Doublette 2
Cornet 5 rangs
Fourniture 4 rangs
Cymbale 3 rangs
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
Récit expressif :

Quintaton 16
Diapason 8
Cor de nuit 8
Flûte 8
Gambe 8
Voix céleste 8
Prestant 4
Flûte douce 4
Flûte octaviante 4
Nasard 2 2/3
Quarte de Nasard 2
Octavin 2
Tierce 1 3/5
Larigot 1 1/3
Plein-Jeu 4 rangs
Cymbale 3 rangs
Bombarde 16
Trompette 8
Basson-Hautbois 8
Cromorne 8
Clairon 4

Pédale :

Soubasse 32
Contrebasse 16
Soubasse 16
Flûte 8
Basse 8
Flûte 4
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
Après expertise par Widor, l'instrument est inauguré, le 11 janvier 1931, par Marcel Dupré. [3]
En 1949, Louis Eugène-Rochesson, facteur pontoisien, restaure l'instrument, abîmé par un obus (harmoniste : Jean Perroux [4]). La transmission pneumatique installée par Gonzalez pour son grand Récit expressif est remplacée par une transmission électropneumatique. Le Récit est divisé en deux boites, l'une contenant, en gros, le Récit de Cavaillé-Coll, et l'autre le jeu de Tierce, une mixture et le Cromorne (très probablement la Clarinette de Cavaillé-Coll réanchée, qui conserve toujours aujourd'hui un semblant de timbre de Clarinette). La Flûte du Positif, postée dans le soubassement, est supprimée, et un Piccolo est ajouté sur le sommier.
Comme pour l'orgue de l'église Notre-Dame de la même ville, reconstruit à la même époque par le même facteur, la transmission électropneumatique finit par tomber en panne (à la même époque, années 1970), et ce malgré les divers travaux de maintenance de la maison Beuchet-Debierre, chargée de l'entretien. La restauration de l'instrument est programmée en 1976, sous le couvert de la commission des orgues, présidée par Gaston Litaize. Plusieurs facteurs sont consultés pour cette reconstruction, et c'est finalement Georges Danion qui obtient le marché.
L'orgue est reconstruit sur 4 claviers, ce qui soulage le Récit : 15 jeux (ajout d'une Voix humaine) au lieu de 21 !
Le quatrième clavier, l'Écho, est placé dans le soubassement. Il reprend le jeu de Tierce décomposé, une Cymbale neuve et le "Cromorne".
Au Positif, l'emprunt au Quintaton et le Piccolo disparaissent, ce dernier étant placé au GO sur la chape de la Gambe, qui disparaît malheureusement à cette occasion... de même que la Flûte octaviante et l'Octavin du Récit sont recoupés, du fait du mépris de certains organistes d'alors pour les jeux gambés et harmoniques...
Sur le plan des transmissions, on fait appel à des techniques "résolument modernes et éprouvées"[5] : une nouvelle mécanique à rubans d'acier est construite, et le tirage des jeux est électrifié, afin d'y adjoindre un combinateur. L'inauguration est assurée par Gaston Litaize et l'organiste titulaire, Robert Valette. [6]
L'orgue est aujourd'hui dans cet état, à ceci près que Marc Hedelin a placé l'extension en 4 du Bourdon de Pédale, ainsi qu'un nouveau combinateur, l'ancien ayant été endommagé par la foudre (un orage spectaculaire, qui heureusement a été moins dévastateur pour l'orgue que celui de 1875...). C'est son successeur, Guillaume Besnier, qui est actuellement chargé de l'entretien de l'instrument, de nos jours le plus important du Val d'Oise en nombre de jeux.

Console : 4 claviers de 56 notes et pédalier de 32 notes en fenêtre.

Transmissions : mécaniques à rubans d'acier pour les notes et électriques pour la pédale et pour les jeux (moteurs Heuss).
Tuyauterie : pour la majorité de Cavaillé-Coll, de très bonne qualité. Les mixtures du Positif et du Récit, la Tierce du Positif, le Quintaton, le Prestant, la Bombarde (Basse acoustique en zinc) et le Clairon du Récit, le jeu de tierce décomposé et les anches du Cromorne de l'Écho ainsi que l'extension 32 du Bourdon de Pédale sont de Victor Gonzalez. Le Principal du Positif, magnifique Diapason étroit plutôt proche d'un Salicional, est manifestement en partie de Mutin, remanié par Reimburg. Le Diapason du Récit et le Bourdon 16-8 de Pédale sont de Reimburg. Les basses du Bourdon 8 du Positif et du Bourdon 16 du Grand-Orgue seraient toujours de Daublaine et Callinet. Le Piccolo du Grand-Orgue est de Rochesson, qui a aussi refait en partie la Trompette du Positif. La Cymbale de l'Écho et la Voix Humaine du Récit ont été placés par Georges Danion. Enfin, l'extension en 4 du Bourdon de Pédale a été réalisée par Marc Hedelin.
Composition :
Positif de dos :

Principal (Salicional) 8
Bourdon 8
Prestant 4
Flûte (douce) 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Tierce 1 3/5
Plein-Jeu 4 rangs
Trompette 8
Grand-Orgue :

Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte (harmonique) 8
Prestant 4
Flûte (douce) 4
Quinte 2 2/3
Doublette 2
Piccolo 1
Cornet 5 rangs
Fourniture 4 rangs 16
Cymbale 3 rangs 8
Bombarde 8-16
Trompette 8
Clairon 4
Récit expressif :

Quintaton 16
Diapason 8
Cor de nuit 8
Gambe (Dulciane) 8
Voix céleste 8
Prestant 4
Flûte (douce) 4
Octavin (Flageolet) 2
Plein-Jeu 4 (2) rangs 8
Cymbale 3 rangs 8
Bombarde 8-16
Trompette 8
Basson-Hautbois 8
Voix humaine 8
Clairon 4
Écho :

Flûte à Fuseau 8
Flûte douce 4
Nasard 2 2/3
Doublette 2
Tierce 1 3/5
Larigot 1 1/3
Cymbale 3 rangs
Cromorne 8
Pédale :

Basse 32 (extension)
Contrebasse 16
Soubasse 16
Flûte 8 (extension)
Basse 8 (extension)
Flûte 4 (extension)
Flûte douce 4 (extension)
Bombarde 16
Trompette 8 (extension)
Clairon 4 (extension)

Accouplements Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif. Tirasses Positif, GO, Récit, Écho. Trémolo Récit. Combinateur électronique, crescendo, transfert de combinaisons sur disquettes. Tutti Plein-Jeux, Tutti général.

État actuel : moyen. La justesse de l'instrument laisse à désirer (le dernier accord général date de 1980), et il présente quelques faiblesses sur le plan mécanique. Certains jeux souffrent des avatars du temps, comme l'anche de Pédale, dont les pavillons de la première octave sont affaissés, induisant le mutisme d'un tuyau sur deux ! Un projet de restauration est à l'étude, prévoyant la construction d'une mécanique neuve*, la révision des soufflets et des modifications sur le plan sonore.

*En effet, la traction à rubans pose de nombreux problèmes, ce qui montre les limites de certaines techniques "résolument modernes et éprouvées" pour lesquelles les décideurs d'alors manifestaient un enthousiasme particulièrement excessif...
Organiste : Philippe Bardon
Photos : Bastien Milanese, Samuel Campet. Merci de ne pas copier le contenu de cette page sans autorisation.

Sources :

[1] : Louis Eugène-Rochesson, La facture d'orgues étudiée au point de vue technique, esthétique et critique avec documents.
[2] : article de Françoise Clastrier sur les orgues français au Pays-Basque espagnol dans la revue Orgues Méridionales (remerciements à Mathieu Delmas).
[3] : programme de l'inauguration par Dupré de la reconstruction de Gonzalez.
[4] :
allocution prononcée par Dupré lors de la remise de la Légion d'Honneur à Jean Perroux.
[5] : Jean-Marc Baffert, les Orgues de Pontoise (numéro spécial de l'Orgue).

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